Les Suisses ne jettent jamais rien, nous explique Nando Erne de SENS eRecycling, le pendant suisse de Recupel. « Cela s’applique notamment aux petits appareils électroménagers comme les radios-réveils, grille-pain, sèche-cheveux, etc. Même une fois les appareils cassés, les gens les gardent dans leur grenier ou leur débarras. Et ce, alors que la Suisse dispose d’un bon système de collecte des objets mis au rebut. Nos compatriotes ont donc clairement besoin d’un coup de pouce pour se défaire de leurs déchets électriques. »
Ce coup de pouce est apparu pour la première fois en 2019. SENS eRecycling a commencé avec un test à petite échelle où 10 000 ménages situés dans deux parties démographiques différentes de Zürich ont reçu un sac spécial, l’« Electro Bag », dans lequel ils pouvaient placer leurs appareils électroménagers cassés. « Au début ils déposaient le sac dans un casier pour des petits paquets, près de la boîte aux lettres. Une languette jaune indiquait alors au facteur qu’il y avait un Electro Bag dans le casier. Mais depuis cette année, les Electro Bags doivent être déposés à côté de la boîte aux lettres. »
« Ce premier test a directement remporté un grand succès », explique N. Erne. « Il s’agissait d’une initiative à la portée de tous, la grande majorité des ménages y a dès lors participé.
Cela nous a motivés à étendre le projet un an plus tard à 100 000 ménages dans les villes de Zürich et de Berne. Ils ont tous reçu notre Electro Bag gratuitement dans leur boîte. En l’espace d’un an, nous avons récolté environ 10 tonnes de matériel. »
Tant lors du premier que du second projet-pilote, les appareils électroménagers récoltés ont simplement été recyclés. « Mais nous avons remarqué que beaucoup d’appareils collectés étaient en fait encore parfaitement utilisables. Pour l’actuel projet-pilote à plus grande échelle – l’étape suivante – nous avons dès lors décidé de miser sur la réutilisation. »
Le dernier projet pilote a démarré au début de l'année 2022. Les villes de Zurich et de Berne ont à nouveau participé, mais cette fois, la région de collecte a également été élargie au canton de Genève. « Au total, le projet Electro Bag touche aujourd’hui environ 1 million de ménages », explique N. Erne. « La seule différence est que cette fois, le sac spécial doit être commandé via notre site Internet. Le sac est toujours entièrement gratuit, bien que nous travaillions pour la première fois avec une version plus chère et réutilisable. »
« Lorsqu’ils mettent leurs appareils électroménagers dans l’Electro Bag, les personnes indiquent à l’aide d’un autocollant quel appareil fonctionne toujours. Le facteur collecte les sacs – cela n’a pas changé – et les apporte à un point de collecte central. Un partenaire spécialisé y trie alors tout le matériel. Une partie est destinée au recyclage. Les appareils électriques réutilisables sont commercialisés à prix avantageux pour les personnes ayant de faibles revenus. »
« Nous recevons de nombreuses réactions très positives », déclare N. Erne. « Il y a aussi peu de déchets parmi le matériel collecté. Environ 66 % des déchets collectés jusqu’à présent ont dû être recyclés. Seulement un nombre limité bénéfice d’une seconde vie car on constate que certains appareils destinés à être réutilisés sont quand-même trop vieux ou défectueux. »
SENS eRecycling utilise donc depuis plusieurs années les Electro Bags. Quelles leçons l’organisation tire-t-elle aujourd’hui du passé ? N. Erne répond : « Tout d’abord, il faut que les choses soient très simples pour l’utilisateur. Nous remarquons que devoir commander un sac en ligne constitue déjà une barrière et que certaines personnes renoncent. De plus, nous n’avons pas encore décidé du coût qui sera facturé ultérieurement pour ce service. Le prix que les gens sont prêts à payer est très variable. »
« Enfin, nous n’avons pas encore décidé si le déploiement complet des Electro Bags se fera avec un sac réutilisable ou non. C’est mieux pour l’environnement, mais nous remarquons que le sac est conservé longtemps et utilisé pour d’autres choses. Ce qui n’est bien entendu pas le but. Mais quoi qu’il en soit : cette méthode de collecte des déchets électriques présente un grand potentiel. J’espère que d’autres organisations s’inspireront de notre projet ! »
De plus amples informations sur le projet sont disponibles sur erecycling.ch.
